[533 | 331] Série XXIII > GF, p. 157. | « On ne s’imagine Platon et Aristote qu’avec de grandes robes de pédants*. C’étaient des gens honnêtes et comme les autres, riant avec leurs amis. Et quand ils se sont divertis à faire leurs Lois et leurs Politiques, ils l’ont fait en se jouant. C’était la partie la moins philosophe et la moins sérieuse de leur vie ; la plus philosophe était de vivre simplement et tranquillement. S’ils ont écrit de politique c’était comme pour régler un hôpital de fous. Et s’ils ont fait semblant d’en parler comme d’une grande chose, c’est qu’ils savaient que les fous à qui ils parlaient pensaient être rois et empereurs. Ils entrent dans leurs principes pour modérer leur folie au moins mal qu’il se peut. » |
*/ Cf. Descartes, Lettre-Préface aux Principes de la philosophie, concernant « les degrés de sagesse auxquels on est par venu. Le premier ne contient que des notions qui sont si claires d’elles-mêmes qu’on les peut acquérir sans méditation ; le second comprend tout ce que l’expérience des sens fait connaître ; le troisième, ce que la conversation des autres hommes nous enseigne ; à quoi l’on peut ajouter, pour le quatrième, la lecture, non de tous les livres, mais particulièrement de ceux qui ont été écrits par des personnes capables de nous donner de bonnes instructions, car c’est une espèce de conversation que nous avons avec leurs auteurs. Et il me semble que toute la sagesse qu’on a coutume d’avoir n’est acquise que par ces quatre moyens ; car je ne mets point ici en rang la révélation divine, parce qu’elle ne nous conduit pas par degrés, mais nous élève tout d’un coup à une croyance infaillible.
Or, il y a eu de tout temps de grands hommes qui ont tâché de trouver un cinquième degré pour parvenir à la sagesse, incomparablement plus haut et plus assuré que les quatre autres ; c’est de chercher les premières causes et les vrais principes dont on puisse déduire les raisons de tout ce qu’on est capable de savoir ; et ce sont particulièrement ceux qui ont travaillé à cela qu’on a nommés philosophes.
Les premiers et les principaux [philosophe] dont nous ayons les écrits sont Platon et Aristote, (...). Or, ces deux hommes avaient beaucoup d’esprit et beaucoup de la sagesse qui s’acquiert par les quatre moyens précédents [], ce qui leur donnait beaucoup d’autorité (...).»