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  • : Blog de la PTSI-A du lycée Gustave Eiffel (Bordeaux) : autour du cours de physique chimie, et bien au-delà...
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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 19:29

[117 | 409]

Liasse VI

> GF,p.178-179.

« La grandeur de l’homme.
La grandeur de l’homme est si visible, qu’elle se tire même de sa misère, car ce qui est nature aux animaux, nous l’appelons misère en [179] l’homme* par où nous reconnaissons que sa nature étant aujourd’hui pareille à celle des animaux, il est déchu d’une meilleure nature qui lui était propre autrefois.
Car qui se trouve malheureux de n’être pas roi, sinon un roi dépossédé ? Trouvait-on Paul Emile malheureux de n’être pas consul ? Au contraire, tout le monde trouvait qu’il était heureux de l’avoir été, parce que sa condition n’était pas de l’être toujours. Mais on trouvait Persée si malheureux de n’être plus roi, parce que sa condition était de l’être toujours, qu’on trouvait étrange de ce qu’il supportait la vie
**. Qui se trouve malheureux de n’avoir qu’une bouche et qui ne se trouverait malheureux de n’avoir qu’un œil ? On ne s’est peut-être jamais avisé de s’affliger de n’avoir pas trois yeux ; mais on est inconsolable de n’en point avoir. »

 

*/ Cf. saint Augustin, De la grâce et du péché originel, II, 40 : «Ce qui est corruption chez l'homme est nature chez l'animal.»

 

**/ Cf. fragment [L15|B410|S49|LG13]. Persée chercha à rétablir en Grèce l'hégémonie macédonienne. il fut vaincu en 168 av. J.-C. par le consul romain Paul Emile à la bataille de Pydna. Cf. Montaigne, Essais, I, 20 : « Paulus Æmilius répondit à celui que ce misérable roi de Macédoine, son prisonnier, lui envoyait pour le prier de ne le mener pas en son triomphe : qu'il en fasse la requête à soi-même. »

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 18:05

[118 | 402]

Liasse VI

> GF, p. 177.

« Grandeur de l’homme dans sa concupiscence* même, d’en avoir su tirer un règlement admirable, et en avoir fait un tableau de charité. »


*/ Concupiscence → fragment [L148|B425|S181|LG138], note.


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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 17:58

[125 | 92]

Liasse VII

> GF, p. 71.

« Qu’est-ce que nos principes naturels, sinon nos principes accoutumés ? Et dans les enfants, ceux qu’ils ont reçu de la coutume de leurs pères*, comme la chasse dans les animaux ?
Une différente coutume en donnera d’autres principes naturels. Cela se voit par expérience ; et s’il y en a d’ineffaçables, à la coutume. Il y en a aussi de la coutume contre la nature, ineffaçables à la nature, et à une seconde coutume. Cela dépend de la disposition. »

 

*/ Cf. Montaigne, Essais, I, 23 : « Les lois de la conscience, que nous disons naître de nature, naissent de la coutume : chacune ayant en vénération interne les opinions et mœurs approuvées et reçues autour de lui, ne s'en peut dépendre sans remords ni s'y appliquer sans applaudissement (...) Et les communes imaginations, que nous trouvons en crédit autour de nous et infuses en notre âme par la semence de nos pères, il semble que ce soient les générales et naturelles. »

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 17:52

[126 | 93]

Liasse VII

> GF, p. 71.

« Les pères craignent que l’amour naturel des enfants ne s’efface. Quelle est donc cette nature, sujette à être effacée.
La coutume est une seconde nature qui détruit la première*. Mais qu’est-ce que nature ? Pourquoi la coutume n’est-elle pas naturelle ? J’ai grand
peur que cette nature ne soit elle-même qu’une première coutume, comme la coutume est une seconde nature. »

 

*/ Cf. Montaigne, Essais, III, 10 : « L'accoutumance est une seconde nature et non moins puissante. »

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 17:44

[127 | 415]

Liasse VII

> GF, p. 180.

« La nature de l’homme se considère en deux manières : l’une selon la fin, et alors il est grand et incomparable ; l’autre selon la multitude, comme on juge de la nature du cheval et du chien, par la multitude, d’y voir [= par le fait d'y voir] la course, et animum arcendi*; et alors l’homme est abject et vil. Et voilà les deux voies qui en font juger diversement, et qui font tant disputer les philosophes.

Car l’un nie la supposition de l’autre. L’un dit : “Il n’est point né à cette fin ; car toutes ses actions y répugnent ; l’autre dit : “Il s’éloigne de la fin quand il fait ces basses actions. »


*/ « Et l'instinct d'écarter », propre au chien de garde.

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 17:40

[128 | 396]

Liasse VII

> GF, p. 176.

« Deux choses instruisent l’homme de toute sa nature : l’instinct et l’expérience. »


.

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 17:32

[129 | 116]

Liasse VII

> GF, p. 80.

«  Métier. Pensées.
Tout est un, tout est divers. Que de natures en celle de l’homme! Que de vacations [= professions] ! Et par quel hasard chacun prend d’ordinaire ce qu’il a ouï estimé ! Talon bien tourné*. »

 

*/ Cf. fragment [L35|B117|S69|LG32]

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 17:30

[130 | 420]

Liasse VII

> GF, p. 182.

«  S’il se vante je l’abaisse. S’il s’abaisse je le vante. Et le contredis toujours. Jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il est un monstre incompréhensible. »


.

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 17:05

[147 | 361]

Liasse X

> GF, p. 165.

« Le souverain bien. Dispute du souverain bien.
Ut sis contentus temetipso et ex te nascentibus bonis*.
Il y a contradiction, car ils conseillent enfin de se tuer. Oh ! Quelle vie heureuse dont on se délivre comme de la peste
** ! »


*/ = Sénèque, Lettres à Lucilius, XX, 8 : « Qu'il te suffise de toi-même et des biens qui prennent naissance de toi ! » Cité et critiqué par Jansénius dans l'Augustinus (De haeresi pelagiana, V, 1).

 

**/ Pascal paraphrase Jansénius (Augustinus, traité De statu purae naturae, II, 8) : « Les stoïciens ont dit que leur sage, satisfait de sa seule vertu, était très heureux même dans le traureau de Phalaris... Ô vie évidemment très heureus, dont on cherche à jouir par le secours de la mort ! » . Jansénius lui-même renvoie à la Lettre 155 de saint Augustin, à laquelle Pascal semble s'être reportée (cf. dernière phrase calquée sur le texte latin de la dernière phrase de saint Augustin) : « Qu'est-elle donc devenue cette vie heureuse du sage lorsque se trouvant aveugle, sourd et accablé de douleurs, il se donne la mort à lui-même ? Car si avec tous les maux le sage est encore heureux, il résulte donc du raisonnement de tous ces grands hommes qu'il y a telle vie heureuse que le sahe ne saurait porter, ou ce qui est encore plus absurde, qu'il y a telle vie heureuse que le sage ne doit pas porter, et qu'il doit trancher et s'arracher à lui-même par le fer ou par le poison, ou par quelque autre sorte de mort qui lui fasse gagner le port de l'insensibilité en le faisant absolument cesser d'être, selon l'opinion insensée des épicuriens et de quelques autres, ou en le faisant passer dans un état où son bonheur sera de s'être délivré d'une vie heureuse comme du plus grand de tous les malheurs (ab illa beata vita, tamquam ab aliqua peste liberatus). »

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 15:08

[148 | 425]

Liasse X

>GF,p.183-184.

« Seconde partie.
Que l’homme sans la foi ne peut connaître le vrai bien, ni la justice. Tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient. Ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre, et que les autres n’y vont pas, est ce même désir, qui est dans tous les deux, accompagné de différentes vues.* La volonté [ne] fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre**.
Et cependant, depuis un si grand nombre d’années, jamais personne, sans la foi, n’est arrivé à ce point où tous visent continuellement. Tous se plaignent : princes, sujets, nobles, roturiers, vieux, jeunes ; forts, faibles ; savants, ignorants ; sains, malades ; de tous pays, de tous les temps, de tous âges, et de toutes conditions.
Une épreuve si longue, si continuelle et si uniforme, devrait bien nous convaincre de notre impuissance d’arriver au bien par nos efforts. Mais l’exemple nous instruit peu. Il n’est jamais si parfaitement semblable, qu’il n’y ait quelque délicate différence ; et c’est de là que nous attendons que notre attente ne sera pas déçue en cette occasion comme en l’autre . Et ainsi, le présent ne nous satisfaisant jamais, l’expérience nous pipe
***, et de malheur [184] en malheur nous mène jusqu’à la mort, qui en est un comble éternel.
Qu’est-ce donc que nous crie cette avidité et cette impuissance, sinon qu’il y a eu autrefois dans l’homme un véritable bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide, et qu’il essaye inutilement de remplir de tout ce qui l’environne, recherchant des choses absentes le secours qu’il n’obtient pas des présentes****, mais qui en sont toutes incapables, parce que ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c’est-à-dire que par Dieu même ? »

 

*/ Cf. saint Augustin, Sermon 306 : «  Tout homme veut être heureux ; il n'est personne qui ne le veuille, et si fortement qu'il le désire avant tout. Bien mieux : tout ce qu'il veut en plus de cela, il ne le veut que pour cela. Les hommes suivent des passions différentes, tel celle-ci, tel autre celle-là ; il y a aussi bien des manières de gagner sa vie dans le monde : chacun choisit sa profession et s'y exerce. Mais qu'on s'engage dans tel ou tel genre de vie, tous les hommes agissent en cette vie pour être heureux... Qu'est-ce donc que cette vie capable de rendre heureux que tous souhaitent mais que tous n'ont pas ? »


**/ Cf. fragment [L147|B361|S180|LG137] : « Oh ! Quelle vie heureuse dont on se délivre comme de la peste ! »  

 

***/ Cf. Montaigne, Essais, III, 13  : « Toutes choses se tiennent par quelque similitude, tout exemple cloche, et la relation qui se tire de l'expérience est toujours défaillante et imparfaicte ; on joinct toutefois les comparaisons par quelque coin. Ainsi servent les lois, et s'assortissent ainsi à chacun de nos affaires, par quelque interpretation destournée, contrainte et biaise. »

 

****/ Cf. Charron, La Sagesse, I, 39  : « Il est hors de notre puissance de choisir ce qu'il nous faut : quoi que nous ayons désiré, et qu'il nous advienne, il ne nous satisfait point, et allons béant après les choses inconnues et à venir, d'autant que les présentes »

 

[148 | 425]

Liasse X

> GF, p. 184.

« Lui seul est son véritable bien. Et depuis qu’il l’a quitté, c’est une chose étrange, qu’il n’y a rien dans la nature qui n’ait été capable de lui en tenir la place : astres, ciel, terre, éléments, plantes, choux, poireaux, animaux, insectes, veaux, serpents, fièvre, peste, guerre, famine, vices, adultère, inceste*. Et depuis qu’il a perdu le vrai bien, tout également peut lui paraître tel, jusqu’à sa destruction propre, quoique si contraire à Dieu, à la raison et à la nature tout ensemble. »

 

*/ Cf. Montaigne (Essais, II, 12 ), qui passe en revue dans l'Apologie de Raimond Sebond quantité d'« opinions humaines et anciennes touchant la religion » : PLaton « fait le monde, le ciel, les astres, la terre et nos âmes dieux » ; d'autres « adoraient le serpent, le chien et le b ».

 

[148 | 425]

Liasse X

>GF,p.184-185.

« Les uns le cherchent dans l’autorité, les autres dans les curiosités et dans les sciences, les autres dans les voluptés.* D’autres qui en ont en effet plus approché, ont considéré que il est nécessaire que ce bien universel ,que tous les hommes désirent, ne soit dans aucune des choses particulières qui ne peuvent être possédées que par un seul, et qui étant partagées, affligent plus leurs possesseurs, par le manque de la partie qu’ils n’ont pas, qu’elles ne les contentent par la jouissance de celle qui lui [185] appartient. Ils ont compris que le vrai bien devait être tel que tous pussent le posséder à la fois, sans diminution et sans envie**, et que personne ne le pût perdre contre son gré***. Et leur raison est que ce désir étant naturel à l’homme puisqu’il est nécessairement dans tous, et qu’il ne peut pas ne le pas avoir, ils en concluent... »


*/ Cf. fragment [L145|B461|S178|LG135]. Il s'agit de la distinction des trois concupiscences selon saint Augustin : libido sentiendi, ou désir des choses sensibles (les « voluptés » qui sont le bonheur du corps), libido sciendi, ou vaine curiosité (« démangeaison » de tout voir et tout expliquer), et libido dominandi, ou orgueil (ou encore « superbe »). Ainsi dans De la véritable religion, XXXVIII : « Ils sont esclaves de trois passions, de la volupté, de l'orgeuil et de la curiosité. Car je soutient qu'il n'y en a pas un de ceux qui croient qu'on ne doit rien adorer, qui ne soit esclave des plaisirs de la chair, ou qui ne soit ravi d'avoir du pouvoir ou de l'autorité, ou qui ne soit dans une folle passion de se repaître les yeux ou l'esprit d'objets vains et inutiles... Ils souffrent que leurs vices les dominent, étant emportés, ou par les débauches, ou par l'orgueil, ou par la curiosité, ou par les trois ensemble. »

 

**/ Cf. saint Augustin, Des mœurs de l'Eglise catholique, XXVI : « Selon ce que vous devez agir envers votre prochain, comme vous agissez envers vous-mêmes, savoir en le portant aussi à aimer Dieu d'un amour parfait, puisque ce n'est pas l'aimer comme vous-mêmes si vous ne le portez à tendre au même bien auquel vous-mêmes tendez, n'y ayant que ce seul bien qui ne diminue point par la multitude de ceux qui tâchent avec nous de l'acquérir. »

 

***/ Cf. saint Augustin, Des mœurs de l'Eglise catholique, III : « L'autre qualité qu'il doit avoir est qu'il soit tel qu'on ne puisse le perdre contre son gré, n'étant pas possible que nous nous assurions sur un bien que nous savons nous pouvoir être ravi, quoique nous ayons passion de le conserver. Que si l'on n'est pas assuré du bien dont on jouit, comment peut-on être heureux, puisque l'on est troublé par la crainte si juste et si violente de le perdre ? »

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