23 octobre 2009
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« La bonté du temps, avoir du temps. Si l'éternité est soustraite à la mort — son définitif a quelque chose de mort, de cadavérique. Mais le temps n'est pas seulement la possibilité de réparer — et par conséquent quelque chose par rapport au mal, — mais la joie positive du loisir. C'est autre chose que la possibilité d'éviter l'alternative — d'avoir des possibles riches à la place des réalités définitives et pauvres. C'est le bonheur même de vivre, de faire une histoire, de vivre une <p. 21 > histoire. Flâner, aller, revenir sur ses pas. Le bonheur de vivre n'est pas le bonheur d'être. L'être est cadavre. Il y a une profondeur dans la conception romantique de la vie. Ambiguïté du mot mort : ce qui n'est plus — ce qui est immuable. Le bonheur du mouvement, de la flânerie — et au-dessus — de l'âpre goût de la vie (...). Commandé par : avoir du temps. »
Emmanuel Lévinas, Carnets de captivité (1940-1945)
dans Oeuvres 1,
Imec/Grasset, 2009, p. 69.
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Au centre de la ville la tête prise dans le vide d’une place
Ne sachant pas ce qui t’arrête ô toi plus forte qu’une statue
Tu donnes à la solitude un premier gage
Mais c’est pour mieux la renier
(...)
Multiple tes yeux divers et confondus
Font fleurir les miroirs
Les couvrent de rosée de givre de pollen
Les miroirs spontanés où les aubes voyagent
Où les horizons s’associent
(Willy Ronis)
Le creux de ton corps cueille des avalanches
Car tu bois au soleil
Tu dissous le rythme majeur
Tu le redonnes au monde
Tu enveloppes l’homme.